Sans renouveau de la coopération mondiale, la COVID-19 risque d’aggraver les inégalités pendant au moins cinq ans, avertit le Conseil International des Sciences (ISC).

Un nouveau rapport présente des scénarios pour l’année 2027 et demande à l’ONU de mettre en place un mécanisme de conseil scientifique afin de préparer les futures réponses aux pandémies.

17 mai 2022, GENÈVE – Sans un renouveau de la coopération mondiale, la COVID-19 continuera à accroître les inégalités et la vulnérabilité aux futures crises jusqu’en 2027 au moins, selon une nouvelle analyse du Conseil International des Sciences (ISC).

Le rapport Inédite et Inachevée : la COVID-19 et les conséquences pour les politiques publiques nationales et mondiales appelle l’ONU à créer un nouveau mécanisme de conseil scientifique pour aider à réduire l’impact de la pandémie et à mieux coordonner les secteurs et le système des Nations Unies pour les futures urgences mondiales.

Le rapport envisage trois scénarios possibles à l’horizon 2027, principalement déterminés par l’évolution du virus et par l’adhésion, la couverture, et l’efficacité vaccinales au niveau mondial. Dans le scénario le plus probable, la COVID-19 aura aggravé les inégalités en matière de santé, d’économie, de développement, de science et de technologie, et de société. La COVID-19 sera devenue une maladie endémique dans le monde entier, et les États à faible revenu risquent de voir leur système de santé s’effondrer et leur insécurité alimentaire s’accroître. Les problèmes de santé mentale s’aggraveront encore davantage.

“Nous ne devons pas avoir une vision étriquée de la pandémie ou minimiser ses impacts au-delà de la santé publique, sinon les inégalités se creuseront et les conséquences plus larges se feront sentir dans chaque société et dans chaque pays”, a déclaré Peter Gluckman, président du Conseil International des Sciences (ISC), soulignant la nécessité d’approches plus holistiques et multilatérales pour faire face aux crises.

“Pour garantir un avenir résilient et plus équitable, nous devons trouver les moyens de susciter une collaboration internationale efficace pour affronter les menaces mondiales. En outre, le rapport vise à encourager tous les gouvernements à chercher des réponses adaptées dans l’intérêt général de tous leurs citoyens et de leurs sociétés.”

Dans un scénario plus pessimiste, le monde sera confronté à de larges menaces au bien-être social, avec des fermetures d’écoles à long terme, du chômage et une augmentation des violences sexistes. La polarisation des sociétés et la montée du nationalisme entraveront la coopération en matière de vaccinations et de commerce mondial, donnant lieu à des conflits. Dans ce scénario, malgré l’intensification du changement climatique, de nombreux pays annuleront les réformes environnementales pour tenter de surmonter l’impact économique de la COVID-19.

“La pandémie de COVID-19 a démontré la valeur de la coopération scientifique internationale, même face à la cascade d’effets des risques environnementaux et des tensions géopolitiques”, a déclaré Mami Mizutori, Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophe.

“Nous devons renouveler nos efforts pour construire un système multilatéral qui s’attaque aux inégalités tout en nous préparant à la prochaine crise. Qu’il s’agisse d’une nouvelle pandémie, du changement climatique ou d’un conflit, nous avons la possibilité de tirer les leçons des deux dernières années. Dans le cas contraire, les objectifs de développement durable seront hors de portée.”

En effet, le rapport de l’ISC souligne la nécessité de prendre en compte ces impacts comme étant interconnectés et cumulatifs. Lorsqu’une dimension de l’action publique échoue, une autre dimension peut également échouer.

Par exemple, l’éducation a été l’une des sphères les plus touchées par la pandémie. Cette perte d’éducation et les inégalités qui en découlent pourraient bien avoir des répercussions plus larges jusqu’à la fin du siècle, entraînant jusqu’à 17 000 milliards de dollars de baisse de revenus au cours de la vie d’une génération entière et aggravant les préoccupations en matière de santé mentale.

L’impact économique de la pandémie se fait déjà sentir. En 2020, plus de huit pour cent des heures de travail ont été perdues, ce qui équivaut à 255 millions d’emplois à temps plein. Cette situation a également contribué à un accroissement des problèmes de santé mentale. Une étude récente portant sur 204 pays et territoires estime que la pandémie de COVID-19 a entraîné 53,2 millions de cas supplémentaires de troubles dépressifs majeurs et 76,2 millions de cas supplémentaires de troubles anxieux dans le monde.

Par ailleurs, le rapport souligne la nécessité de s’attaquer à la désinformation et de renforcer les divers systèmes de conseil scientifique afin d’accroître la confiance envers la science, protégeant ainsi les sociétés des risques sanitaires aigus et de la dégradation de la cohésion sociale.

Si la pandémie a démontré l’intérêt de mobiliser la communauté scientifique pour travailler en étroite collaboration avec les gouvernements, il reste encore beaucoup à faire. Les auteurs du rapport constatent que c’est du côté des pouvoirs publics qu’il faut se tourner pour éviter les pires scénarios à l’avenir, en particulier pour les pays à revenu faible ou intermédiaire. Les politiques publiques nationales et mondiales doivent s’attaquer à l’aggravation des inégalités à l’échelle mondiale, non seulement en matière de distribution des vaccins, mais aussi en ce qui concerne la gouvernance inclusive, la reprise économique, la fossé numérique, et les inégalités d’éducation.

Le rapport conclut que l’évolution future de la pandémie, et ses conséquences qui s’étendent bien au-delà du secteur de la santé, dépendront des décisions politiques prises aujourd’hui, qui ont le potentiel de raccourcir ou de prolonger la crise, et d’atténuer ou d’aggraver ses conséquences.

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À propos du Conseil International des Sciences

Le Conseil International des Sciences (ISC) est une organisation non gouvernementale qui rassemble l’expertise et les ressources scientifiques nécessaires pour catalyser, incuber et coordonner des actions internationales efficaces. Il s’agit de la plus grande organisation de ce type à rassembler les sciences naturelles et sociales pour le bien public mondial, dotée d’une adhésion mondiale unique rassemblant plus de 200 unions et associations scientifiques internationales ainsi que des organisations scientifiques nationales et régionales, y compris des académies et des conseils de recherche.