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L’écologie, du labo à l’école

Enjeux, démarches, acteurs

Colloque francophone, 17 mars 2021, en ligne

La mobilisation de la jeunesse mondiale contre “l’inaction climatique” témoigne d’une prise de conscience des conséquences du changement climatique sur la biosphère et les sociétés humaines. Si cela traduit la confiance des jeunes européens et européennes dans les discours des scientifiques, alors il y a matière à s’en réjouir. Mais on peut légitimement s’interroger sur les savoirs et les croyances à l’origine de cette prise de conscience. Pour cela, il convient d’examiner le rôle des différents acteurs impliqués dans la diffusion des savoirs en écologie et de leurs liens avec les savoir faire et savoir être. Quels sont ces acteurs ? Il y a bien sûr en premier lieu l’institution scolaire, le comité d’orientation sur les programmes de l’éducation nationale, les structures impliquées dans la promotion des sciences et la formation des enseignants. Il y a aussi les médias consultés directement par les enfants et les adolescents, et ceux dont les contenus sont sélectionnés et transposés par les enseignants. Il y a aussi les scientifiques eux mêmes dont le discours est relayé et transposé (ou pas) par les médias et les enseignants.

À l’école, l’écologie est largement abordée par le prisme de l’éducation au développement durable (EDD), sans que la distinction entre les deux soit très claire. Dans l’enseignement secondaire, les professeurs de sciences de la vie et de la terre et les professeurs de physique chimie ont certes reçu une formation initiale sur l’ensemble des disciplines des sciences de la vie et de la terre, mais l’écologie ne représente qu’une faible proportion de ces enseignements. La situation est plus préoccupante pour les enseignants du premier degré pour qui la formation initiale en écologie est souvent anecdotique. De manière plus préoccupante encore, c’est la formation à l’épistémologie (Comment les sciences procèdent-elles ? Sur la base de quels arguments peut-on avoir confiance en ses méthodes ?) qui fait défaut dans la formation initiale et continue des enseignants, d’autant que cette dimension est par ailleurs peu – voire pas – relayée dans les médias. En miroir, la formation des enseignants n’aborde que peu la dimension sociale de la science, alors qu’elle se retrouve largement dans les programmes scolaires notamment à travers les “éducations à…”, dont l’EDD.

Il apparaît alors que les enseignants doivent éduquer leurs élèves au développement durable sans pour autant avoir été eux-mêmes suffisamment formés sur les dimensions disciplinaire, épistémologique et sociale de l’écologie et des sciences de l’environnement. Se posent alors inévitablement deux questions intrinsèquement liées : celle des sources d’information dont disposent les enseignants pour construire leur enseignements et celle de leur positionnement individuel vis-à-vis de questions socialement vives comme celles ayant trait au changement climatique ou à l’érosion de la biodiversité. Fautes de bases scientifiques solides, il y a un risque de tensions entre le positionnement individuel de l’enseignant, le contenu des programmes et plus généralement les injonctions de l’institution scolaire. 

Les interrogations légitimes sur le manque de formation scientifique des principaux acteurs de l’éducation à l’environnement ne doit pas occulter la responsabilité que peuvent avoir les chercheurs et les médiateurs scientifiques dans la diffusion des connaissances en écologie. Ecole, associations, chercheurs, médias, ont tous un rôle à jouer pour « scientifiser » les savoirs en écologie. Mais la définition de ce rôle pose de nombreuses questions. Attend-on des scientifiques qu’ils aillent au devant de la population pour pousser à l’action ou qu’ils restent en retrait Est-ce aux enseignants de former la pensée de leurs élèves en se conformant aux objectifs de développement durable ou doivent-ils seulement leur apporter des clés de lecture critique du monde ? Comment les trois “éducations à” (éducation au développement durable, éducation aux médias et à l’information, éducation artistique et culturelle) s’articulent-elles avec les savoirs et les enseignements scientifiques ?

Le colloque a pour ambition de réunir écologues, chercheurs en didactique et en sciences de l’éducation et professionnels de l’éducation et des médias autour de la question de l’enseignement de l’écologie à l’école. Il s’agira notamment (i) d’explorer la manière dont l’écologie est enseignée de l’école à l’université et (ii) dans la formation initiale et continue des enseignants, (iii) d’analyser les sources d’informations utilisées par les enseignants pour transposer les savoirs en écologie et (iv) d’interroger l’implication (réelle ou souhaitable) des écologues eux mêmes dans le transfert de ces connaissances et la participation au débat public, notamment au travers des sciences citoyennes. Au travers de cette rencontre, l’ambition du colloque est d’initier une réflexion interdisciplinaire sur les enjeux et moyens de la diffusion des savoirs scientifiques en écologie vers le jeune public.

Pour en savoir plus sur le programme : 
https://colloque.inrae.fr/ecologie-ecole/Programme

Inscription :
https://colloque.inrae.fr/ecologie-ecole/Informations-Pratiques 

Contact : communication-bordeaux@inrae.fr