Comment résumer le travail de recherche de notre prochaine invitée ? Disons qu’il est à la fois inclassable et très cohérent.

Docteure en socio-économie de l’innovation, chargée de recherche au Centre Internet & Société du CNRS, Ksenia Ermoshina travaille au croisement des Science and Technology Studies et de la sociologie politique, en France mais surtout dans l’espace post-soviétique (Russie, Ukraine, Biélorussie). Entre 2014 et 2018, elle a notamment étudié comment l’annexion de la Crimée a suscité des pratiques de résistance au contrôle de l’internet par les Russes.

Ses méthodes combinent les approches classiques de sociologie (entretiens approfondis avec des hacktivistes, blogueurs militants, journalistes et fournisseurs d’accès internet) et une métrologie plus inédite (détection de censure sur le web, analyse de trafic). Ksenia a ainsi montré comment la Crimée a servi de laboratoire à la Russie pour construire un « internet souverain ».

Tout dernièrement (février-avril 2022), Ksenia a étudié la transition du web russe vers un régime de « censure de guerre », ainsi que les nouvelles pratiques d’auto-défense numérique déployées par les militants russes anti-guerre.

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